Bruxelles 1893, comment ça se joue ?

[Bruxelles 1893]

En 1893, Victor Horta érige à Bruxelles l’hôtel Tassel qui est considéré comme le premier bâtiment du style Art Nouveau ou « nouille » comme l’appelleront quelques réactionnaires français. L’Art Nouveau. Rien que ça ! C’est quand même un nom qui claque non ? Il me faut vous dire que l’attente est ancienne. Les beaux-arts au XIXe siècle se trainent un peu dans un académisme qui sclérose certaines créations. Des artistes se sentent coincés dans un formalisme étriqué et rêvent d’un grand soir d’une liberté perdue retrouvée. Et puis d’un coup sous l’impulsion de quelques artistes, une nouvelle forme d’expression apparaît s’appuyant sur les formes de la nature et qui vient se poser en belle séductrice, en opposition aux formes austères de la révolution industrielle. Place au romantisme alambiqué, aux rêveries naturalistes et médiévales pleine de lianes, de femmes et d’algues alanguies couvertes de couronnes de fleurs. La pierre et le métal perdent leur régularités abruptes et se mettent soudain à se tordre en tous sens en un hommage de circonvolutions à la vie. La pierre danse et l’acier fleuri.

En 2013 soit donc exactement 120 ans plus tard, Etienne Espreman, Alexandre Roche, et les éditions belges Pearl Games décident de rendre hommage à cette effervescence culturelle dont la ville de Bruxelles conserve toujours les charmes via un jeu de société nommé fort justement « Bruxelles 1893 ».

Les joueurs vont donc incarner des artistes-architectes qui vont faire la future renommée de Bruxelles et y gagner au passage la gloire et le prestige qui les feront entrer dans l’histoire. Ou pas. C’est un jeu.

Une partie se jouer en 5 manches, ni plus ni moins. Chaque manche comprend 4 phases : le Bourse, les Actions, la Résolution et la Fin du tour.

Voyons donc celles-ci d’un peu plus près.

Les plateaux de jeux collectifs et individuels

La Bourse

Le premier joueur va piocher une carte Bourse qui va lui indiquer (selon le nombre de joueurs) des emplacements sur le plateau de jeu dit Art Nouveau. Ce plateau offre 25 cases Action. En choisissant une intersection, ce joueur va donc déterminer une zone de cases qui pourront être effectives durant ce tour. Les autres resteront hors-jeu.

Les Actions

Lors de cette phase, les joueurs vont envoyer leurs pions Assistant sur le plateau de jeu Art Nouveau ou sur celui Bruxelles pour leur permettre d’effectuer les actions qui y sont disponibles. Comme dans tout bon jeu de pose d’Ouvrier, on choisit l’emplacement désiré et on y pose son pion.

Le plateau Art Nouveau bien que restreint par la précédente phase offre de nombreuses actions possibles. Mais celles-ci ne sont pas gratuites, elles sont sujettes à une enchère qui se paye avec la monnaie du jeu le FB ou Franc Belge.

Bruxelles n’offre que quatre actions différentes. Celles-ci sont entièrement gratuites mais pas très bien vu voire un peu illégales. Ce qui fait qu’en fin de manche, le joueur qui aura le plus abusé de ces actions gratuites aura un de ses pions assistants qui devra faire une petite visite dans la case Hôtel de Ville (la petite prison dans la mairie).

Voyons un peu quels genres d’actions sont disponibles à Bruxelles (c’est mal)

L’Action Marché permet de récupérer des matériaux de construction joker capable de servir un peu partout.

La Bourse permet de gagner de l’argent comme indiqué sur la carte Bourse tirée à la phase précédente.

Le Parc du Cinquantenaire permet de choisir une action parmi les cinq du plateau Art Nouveau. Pratique quand celle-ci n’est plus disponible.

La Grand-Place permet de rencontrer les Notables et surtout de profiter de leurs pouvoirs. C’est dingue ce qu’on peut arriver à faire avec un peu de blabla et quelques verres de bières… Les Notables se sont des cartes que l’on aura préalablement posées devant soi et qu’on active en les pivotant. On peut en activer plusieurs mais il faut pour cela disposer d’une bonne influence au Palais Royal (une des échelles de scores du jeu).

Maintenant direction le plateau Art Nouveau

Ici on peut convoiter l’Atelier pour créer une nouvelle Œuvre d’Art (Tuile Œuvre d’Art)

La Vente permet à l’aide d’un astucieux système de vendre des œuvres d’art dans une boutique. Un système de couleurs et de déplacement dans les zones boutiques vont réguler ces ventes et permettre en gérant bien d’en tirer une somme de Francs Belges variable. Il y a deux magasins alors attention de ne pas plomber le marché avec trop d’œuvres similaires.

Le Théâtre Royal est un moyen plus digne que la Grand-Place pour rencontrer des notables. C’est ainsi qu’on devient copain avec de nouveaux notables (pioche) dont on use immédiatement du pouvoir. Les notables peuvent vous oublier vite fait (défausse) ou rester un peu plus longtemps mais il faudra les payer. C’est la vie.

Les Matériaux permettent de recevoir du Bois, de la Pierre ou du Fer.

La Construction est un point central du jeu. Chaque joueur dispose d’un plateau de jeu personnel qui est l’endroit où il va construire son chef-d’œuvre, SON bâtiment. Un système de compas indiquera les besoins en matériaux pour « bâtir » chaque tuile composant son chef-d’œuvre. Et on ne construit pas dans n’importe quel sens ! C’est toujours mieux pour un bâtiment de commencer par le bas. On peut ici utiliser les fameux matériaux jokers mais on ne gagnera pas les points de prestige associé à la Construction. Cela permet également de « marquer » une case action du plateau Art Nouveau. Cette case désormais personnalisée nous permettra en retournant jouer dessus d’avoir une action secondaire.

Default

La résolution

En bas des colonnes de cases d’Action du plateau Art Nouveau se trouvent des cartes Bonus. Le joueur qui a misé le plus dans une colonne gagne la carte Bonus de cette colonne.

On détermine à ce moment qui sera le prochain premier joueur. Dans « Bruxelles » il existe plusieurs sortes de points dont les points Manneken-Pis. Celui qui en a remporté le plus durant le tour qui vient de se dérouler devient donc premier joueur.

Regardons maintenant les blasons qui se trouvent aux intersections des cases Action du plateau Art Nouveau. Si 4 Assistants entourent un blason, le joueur qui possède la majorité des ces assistants gagne des points de victoire (en fonction de son influence à l’Hôtel de Ville).

Enfin, le joueur qui a posé le plus d’assistants sur le plateau Bruxelles doit envoyer un de ceux-ci à l’Hôtel de Ville. Vilain !

Et c’est la fin du tour !

On récupère ses Assistants sauf ceux qui se sont fait gaulés à l’Hôtel de Ville, l’argent misé part dans la réserve, les notables penchés se redressent, et autres petits nettoyages et remise à niveau des plateau pour le tour prochain.

Et qui gagne ?

À la fin du cinquième tour, chacun va devoir payer pour les Notables avec qui il est resté copain. Sinon c’est une amende de 5PVs et la perte de la carte.

Et on additionne :

  • les PVs accumulés lors de la partie qui sont indiqués sur la piste de score à
  • ceux des tuiles Èdifice construits à
  • ceux de son plateau individuel et des cartes bonus non utilisées à
  • ceux donnés par les cubes de matériaux nobles conservés (1PV chaque) à
  • ceux accordé par le possesseur actuel du Manneken-Pis soit 5 PVs

Le jeu peut se jouer en tête à tête exactement de la même manière à cette différence près : les joueurs joueront des Assistants neutres. Il faudra d’abord les jouer lors de la phase Action. Ceux-ci sont utilisés pour bloquer certaines cases.

Voilà qui devrait déjà vous permettre d’en savoir un peu plus (tout ou presque) en attendant une Tric Trac Tv sur ce jeu. Chers amateurs de Kubenbois veuillez vous essuyer le coin de la bouche. Merci de votre attention.


« Bruxelles 1893 »
Un jeu de Etienne Espreman
Illustré par Alexandre Roche
Publié chez Pearl Games
Pour 2 à 5 joueurs dès 14 ans
Public : Connaisseurs
Durée : 25 min par joueur
Disponible : Essen (octobre) 2013
Prix : non communiqué


11 « J'aime »

De rien.

Que c'est beau...!!! (des étoiles plein les yeux)

Vraiment très heureux de voir un jeu sur ce sujet... vivement la sortie

Grand amateur d'Art Nouveau, je pense que ça devrait me plaire :)

Personnellement, j'attends le jeu avec impatience.

J'ai eu l'occasion de tester le prototype avec des amis à "Paris est ludique"

Pourtant, le thème de l'art nouveau n'est pas vraiment ma tasse de thé mais, pour les amateurs de kubenbois, les mécanismes du jeu sont excellent.

On y trouve de l'interaction, de l'optimisation et, surtout, beaucoup de stratégies différentes avec diverses manières de scorer. On peut envisager une excellente rejouabilité.

1 « J'aime »

Une fois de plus chez Pearl games, les graphismes font envie.

Et après avoir testé le proto (Beri autorise l'usage de ce verbe dans ce cas là ;-) ), ça donne doublement envie.

1 « J'aime »

Superbe,

Bonjour,

J'ai aimé Troyes ... et j'ai hâte de tester celui là !
est-il prévu une tric-trac TV, de l'explipartie sur le jeu ?

Cordialement