Bien débuter à SPLENDOR

[Splendor]

L’actualité Splendor, ce n’est pas que la nomination au Spiel das Jahres 2014…
Alors que s’organisent les premiers tournois de Splendor (et la Ligue Splendor 2014-2015), son auteur, Marc André, nous a proposé un “petit” article de conseils tactiques.
Reconnaissons qu’il est probablement le mieux placé pour nous en parler… du moins avant que les futurs vainqueurs de tournoi se lancent dans l’écriture !

Splendor est le premier jeu édité par SpaceCowboys, cet article a pour but de donner des conseils stratégiques pour vous aider à gagner plus souvent ; si vous ne connaissez pas encore le jeu je vous conseille de regarder le site dédié en cliquant ici ou de consulter les nombreux articles sur TricTrac !

Dans Splendor, les joueurs achètent à l’aide de jetons des cartes développement qui donnent toutes un bonus permanent équivalent à un jeton spécifique, qui se soustraira au coût des nouvelles cartes.
Les cartes ainsi accumulées forment un moteur, mais Splendor est avant tout une course dont la ligne d’arrivée est franchie à 15 points de prestige. Quelle que soit la puissance du moteur que vous avez construit, vous ne gagnerez pas si vous n’êtes pas un bon pilote.

1/ ANALYSER LE TABLEAU DE CARTES ET LES TUILES NOBLES


Les 12 cartes développement visibles forment un tableau. Un rapide coup d’œil doit vous indiquer quelles sont, parmi les 5 couleurs, celles qui sont les plus demandées et quels sont les bonus les moins fréquents.
Cet état des lieux éclair devra être renouvelé à chaque fois que le tableau change et comme le tableau se renouvelle tout au long de la partie… le maître mot sera « adaptation » ! Le tableau de cartes représente votre environnement, votre circuit, il faut donc éviter chaque ornière et négocier chaque virage.
Cette capacité à vous adapter sera davantage éprouvée dans les parties à 4 joueurs (où le tableau de cartes change plus fréquemment) qu’à 3 ou 2.
Si une couleur est à la fois rare et très demandée, il est logique que vous tentiez de vous l’accaparer. Dès les premiers tours de jeu, la construction de votre moteur devra tenir compte des couleurs requises pour acheter les cartes de niveau 3 visibles et/ou recevoir la visite d’un ou plusieurs nobles. Les cartes de niveau III ainsi que les nobles n’amélioreront pas vraiment votre moteur mais agiront comme des boosters qui peuvent vous propulser vers la victoire.

Exemple :


Parmi les nobles, le vert et le rouge dominent.

Parmi les cartes de niveau III, le vert, le blanc et le noir sont les plus demandés.

Ce peut être une stratégie gagnante que de viser la visite du noble rouge/vert et d’acheter l’une des cartes de niveau III verte à moindre coût.

Dans les niveaux de carte I et II le noir (onyx) est très demandé mais totalement absent à l’achat. Il faudra stocker des jetons noirs ou essayer de s’en passer.

2/ CHOISIR SES JETONS ET SURVEILLER SES ADVERSAIRES

L’action « prendre des jetons » sera la plus fréquente de la partie. On les choisit en fonction de la carte visée, mais il se peut qu’un joueur placé avant vous dans le tour de jeu convoite la même carte, alors surveillez le stock de jetons de vos adversaires et démasquez leurs intentions : quelles cartes du tableau visent-ils ?
En toute circonstance, il vous faudra un plan B, une nouvelle piste pour ne pas perdre trop de temps lorsque vous serez obligé de vous réorienter vers un nouveau développement.
L’optimisation étant de rigueur, préférez la prise de 3 jetons et utilisez la prise de 2 jetons identiques seulement quand la carte visée nécessite une quantité importante dans cette couleur.
Ayez toujours en tête un, deux ou trois coups d’avance, car bien souvent dans la prise de jetons l’un d’entre eux est excédentaire par rapport à la carte visée. Ce jeton « de trop » doit être choisi en fonction de nouvelles cartes ciblées ou pour favoriser une pénurie fatale aux adversaires.
L’action « réserver une carte + joker » devra être utilisée avec parcimonie et (presque) toujours pour réserver une carte à forte valeur de prestige, car son utilisation intempestive vous fera perdre un temps précieux (souvenez-vous, c’est une course). Néanmoins, il sera parfois pertinent de barrer la route à un adversaire trop confiant.

Exemple :

Après avoir regardé le stock de jetons de vos adversaires, vous ciblez la carte ci-dessus et choisissez les jetons nécessaires pour l’acquérir dans 2 tours. L’erreur à ne pas commettre est de prendre 2 jetons topaze (bleus), puis au tour suivant 2 jetons onyx (noirs) ou vice-versa. Car en deux tours de jeu, vous auriez pu acquérir 6 jetons, dont 2 topazes et 2 onyx.

Il faut déjà vous projeter sur une autre carte pour choisir correctement un troisième jeton pour ce tour et le suivant.

Exemple :


Au troisième tour de jeu, après avoir défaussé les quatre jetons nécessaires, il vous reste deux jetons. Avec une bonne observation et une planification adéquate, vous pourrez acheter la carte ci-dessous dans deux tours.


3/ TROUVER LE POINT DE BASCULEMENT

La construction du moteur de votre jeu est la première étape. Ce moteur est essentiellement composé de cartes de niveau I. Durant cette étape, les joueurs ne gagnent que très peu de points de prestige. A moins de baser toute sa stratégie sur la visite des nobles, c’est l’achat des cartes de niveau II et III qui vous conduira vers la victoire.
J’ai vu trop de parties où tous les joueurs se focalisent sur les cartes de niveau I, jusqu’à épuisement total de cette rangée de cartes. Le point de basculement, c’est le moment précis où le joueur cesse plus ou moins de construire son moteur pour gagner des points !
C’est celui qui franchira la ligne d’arrivée des 15 points de prestige qui a le plus de chance de gagner la partie et le sprint final ne pardonnera aucune erreur. Même avec un moteur bien adapté pour acheter les cartes à fort prestige visibles ou déjà réservées (prudence oblige), il faudra privilégier la prise de jetons plutôt que l’achat de cartes sans valeur, même gratuites !
Si vous perdez votre temps à la construction d’un moteur surpuissant, vous seriez sûrement vainqueur sur une longue distance, mais la partie s’arrête à 15 points. Ne perdez jamais de vue cette ligne d’horizon, sans quoi vous ne trouverez jamais le point de basculement.
Essayez d’évaluer précisément votre passage à 15 points ou plus et laissez vos adversaires pester : « Ah si j’avais pu jouer trois tours de plus… ».

En d’autres termes, si vous ne trouvez pas le point de basculement, vous continuerez à acheter des cartes de faibles valeurs qui (si elles ne vous permettent pas la visite d’un noble) seront en réalité des cartes que je qualifierai de « cartes dormantes ». Les cartes dormantes sont celles qui ne vous ont pas permis l’économie de jetons et d’acquérir des points de prestige.
Il existe un moyen facile de valider votre stratégie après une partie, vis-à-vis de cette notion de cartes dormantes :

Exemple :


Les cartes ci-dessus sont classées par ordre d’achat. Il est intéressant de calculer ce que chaque carte (du moins les 7 premières) a permis d’effectuer comme économie de jetons.

La première carte à déjà fait économiser 6 jetons diamant.
La deuxième carte n’a permis l’économie que de 2 jetons topaze.
La troisième carte à déjà fait économiser 5 jetons rubis.
La quatrième carte à fait économiser 4 jetons rubis.
La cinquième carte n’a permis l’économie que de 2 jetons diamant.
La sixième carte n’a permis l’économie que d’1 seul jeton onyx.
La septième carte n’a permis l’économie que de 2 jetons rubis.

L’économie de jetons se traduit par des tours de jeu gagnés. Certaines cartes achetées s’avèrent beaucoup plus rentables que d’autres. Bien entendu, les premières cartes, judicieusement acquises, optimisent vos économies.

Voici le tableau de fin de partie : 16 points de prestige (cartes développement : 13 pts, tuile noble : 3 pts)


Sur 15 cartes, seulement 2 « cartes dormantes » : une bleue et l’autre noire. L’accumulation de cartes rouges et vertes a permis la visite d’un noble. De plus, les cartes vertes ont permis d’acheter à moindre coût des cartes rapportant 7 points de prestige.

4/ CONNAÎTRE LES STATISTIQUES ?

Les joueurs les plus savants ont déjà analysé toutes les cartes sur tableau Excel. Je n’en vois pas l’utilité, mais si ça peut vous rassurer, voici les tableaux de répartition des pierres précieuses nécessaires par couleur et par niveau de cartes :

Cartes I verte blanche noire bleue rouge

Diamant 5 3 6 4 15

Topaze 9 10 9 1 4

Emeraude 1 9 10 9 4

Rubis 9 4 7 10 3

Onyx 9 7 1 9 7

Cartes II verte blanche noire bleue rouge

Diamant 9 8 11 7 6

Topaze 10 3 3 18 7

Emeraude 16 4 14 5 2

Rubis 3 19 5 4 10

Onyx 3 7 8 7 16

Cartes III verte blanche noire bleue rouge

Diamant 8 6 3 23 3

Topaze 23 3 3 6 8

Emeraude 6 3 8 3 23

Rubis 3 8 23 3 6

Onyx 3 23 6 8 3

Chaque pierre précieuse est demandée 117 fois dans l’ensemble des cartes. Bien sûr, il y a des affinités entre couleurs (nombre surligné = pierre précieuse dominante dans une couleur de carte).

La chose importante à retenir, c’est qu’il n’y a pas une couleur dominante dans les cartes de niveau III et que toutes les couleurs y sont réparties exactement de la même manière.
Il n’y a donc pas plus de chance qu’une couleur apparaisse plus souvent qu’une autre, c’est le hasard de la pioche qui renouvelle sans cesse le tableau et rend chaque partie unique.
Puisqu’il y a 20 cartes de niveau III et que peu seront révélées tant elles sont difficiles à acheter (4 cartes révélées en début de partie plus une par réservation ou achat), il ne me paraît pas judicieux de miser sur une couleur dans l’espoir qu’une carte de niveau III nécessitant votre couleur dominante apparaisse au cours de la partie.
La statistique sert à prévoir, mais dans Splendor tout est visible sauf les 3 pioches dont le tirage est totalement imprévisible. Ne vous fiez donc qu’aux cartes visibles et adaptez-vous aux nouvelles cartes piochées.

5/ CONCLUSION

Certes, Splendor est un jeu calculatoire, mais pour ma part je mélange réflexion (pendant le tour des autres) et feeling afin d’accélérer le rythme de la partie.

Si vous vous sentez l’âme d’un champion, vous voilà paré pour remporter les prochains tournois organisés dans votre région.

Alors, je ne vous souhaite pas bonne chance mais plutôt : que le meilleur gagne !


Splendor
Un jeu de Marc André
Illustré par Pascal Quidault
Publié par Space Cowboys
2 à 4 joueurs
A partir de 10 ans
Langue de la règle: France
Durée: 30 minutes
Prix: 29,00 €


12 « J'aime »

Ne faut-il pas lire :

La chose importante à retenir, c’est qu’il n'y a pas une couleur dominante dans les cartes de niveau III et toutes les couleurs y sont réparties exactement de la même manière dans ce paquet.

?

En tout cas, merci pour ces conseils. C'est vrai qu'on a trop tendance (enfin moi en tout cas) à acheter des cartes inutiles et à vouloir blinder toutes les couleurs.

C'est définitivement un jeu très accessible mais difficile à maîtriser. Il a des faux airs de jeu simple.

Des postes comme ça, on en voudrait plus souvent ! Merci à l'éditeur de venir parler 'technique' au sujet du jeu.

(oui, j'avoue, j'ai fait le tableau de stats :D )

Les affinités de couleur ne ressortent pas sur le tableau indiqué plus haut.

On ne peut clairement pas présager de ce qui va sortir, effectivement, mais savoir que telle couleur bénéficie à telle couleur au niveau supérieur, ça peut aider.

j'adore et merci pour le tableau

Bonjour, je viens de lire attentivement cet article.
Merci pour ce contenu.
Une question revient souvent quand je joue avec des personnes différentes : quand je réserve une carte avec un jeton or, ce jeton peut-il servir à acheter une autre carte que celle qui a été réservée avec ou doit-il être exclusivement utilisé pour acheter la carte réservée ?
Merci d’avance pour votre réponse